Infos PO

Publié le par Patrick Kaczmarek

1/ “Chroniques pour la Paix” avec Ilan Greilsammer, vendredi 18 janvier à 10 h 15
      
http://www.lapaixmaintenant.org/Chroniques-pour-la-Paix-avec-Ilan

2/ Soirée électorale avec David Chemla et Maurice Szafran le 22 janvier au Medem
      
http://www.lapaixmaintenant.org/Soiree-electorale-avec-David

3/ Entretiens avec Shimon Pérès : les voies de la paix, le printemps arabe et le H'amas
      
http://www.lapaixmaintenant.org/Shimon-Peres-Les-voies-de-la-paix

4/ 2 enregistrements vidéo : Débat P. Boniface / M. Waintrater, réunion avec Ze'ev Sternhell
       
http://www.lapaixmaintenant.org/Enregistrements-video-de-nos

______________________________________________________________________________________________________________________________________________________________


_

 

Répondez à cet article en tapant votre texte au dessus de cette ligne

 

 

 

Nouvelle publication sur AU PARLEMENT EUROPEEN

 

L’UE juge illégale l’extension des colonies israéliennes, mais ne revient pas sur les accords d’association

by Patrick Le Hyaric

.

gilo-191012

En octobre 2012, les autorités israéliennes autorisaient la construction de 800 nouveaux logements dans le quartier de colonisation de Gilo, à Jérusalem-Est.

Face à cette violation flagrante des droits des Palestiniens et des valeurs de l'Union européenne, j'avais aussitôt interpelé la Commission européenne, lui demandant notamment comment elle pourrait justifier le renforcement de ses relations avec Israël.

Je viens de recevoir la réponse de Mme Ashton, qui réaffirme la position de l'Union européenne considérant les colonies illégales, mais nie tout renforcement des relations UE-Israël. Pourtant, je vous informais tout récemment encore de l'adoption d'un texte par lequel la Commission facilite l'importation de produits pharmaceutiques israéliens... Contrairement à ce que prétend la Commission, ceci ne constitue pas un énième accord "purement technique", cela constitue de fait une renforcement des relations UE-Israël.

Voici la question écrite que j'ai déposée :

Question avec demande de réponse écrite E-009722/2012/rév.1
à la Commission (Vice-Présidente / Haute Représentante)

Objet: VP/HR - Expansion de la colonie de Gilo à Jérusalem-Est

Le ministère israélien de l'Intérieur a donné son feu vert final pour la construction de 800 nouveaux logements dans le quartier de colonisation de Gilo, à Jérusalem-Est annexée.

Le quartier de colonisation de Gilo se trouve à proximité de la ville palestinienne de Bethléem, en Cisjordanie. Il est situé à Jérusalem-Est, le secteur à majorité arabe de la Ville sainte, occupé et annexé par Israël depuis juin 1967.

Au regard du droit international, cette annexion est illégale, de même que toutes les colonies israéliennes dans les Territoires palestiniens occupés, qu'elles aient ou non été autorisées par le gouvernement israélien.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu veut adopter un rapport juridique légalisant les colonies sauvages et levant les obstacles juridiques à l'extension des autres implantations en Cisjordanie.

Plus de 340 000 Israéliens habitent dans des colonies en Cisjordanie occupée, et plus de 200 000 autres dans une douzaine de quartiers érigés à Jérusalem-Est.

Quelque 270 000 Palestiniens vivent à Jérusalem-Est, dont ils veulent faire la capitale de leur futur État.

1. La Vice-Présidente / Haute Représentante est-elle au courant des intentions de Netanyahu de légaliser ces colonies israéliennes? Est-ce que ceci est en accord avec les valeurs de l'Union européenne ?

2. Comment la Vice-Présidente / Haute Représentante compte-t-elle justifier le rehaussement des relations qu'elle envisage dans ses accords avec Israël eu égard aux violations flagrantes des droits des Palestiniens ?

Et voici la réponse de la Haute Représentante de l'Union européenne :

E-009722/2012
Réponse donnée par Mme Ashton, haute représentante/vice‑présidente au nom de la Commission

La haute représentante/vice-présidente a connaissance du rapport Levy auquel l'honorable parlementaire fait référence dans sa question. Il convient toutefois de préciser que les recommandations formulées dans ce document n'ont pas encore été adoptées par le gouvernement israélien.

Dans sa déclaration du 19 octobre 2012 sur l’expansion de la colonie de Gilo, le porte‑parole de la haute représentante/vice-présidente a clairement indiqué que les colonies de peuplement étaient illégales au regard du droit international et menaçaient de rendre impossible une solution fondée sur la coexistence de deux États. L'Union européenne a souvent insisté auprès du gouvernement israélien pour qu’il mette immédiatement fin à toutes les activités de peuplement en Cisjordanie, y compris à Jérusalem‑Est, conformément aux obligations qui lui incombent en vertu de la feuille de route. La déclaration indique clairement que l'expansion des colonies de peuplement, tant à Gilo qu’à Har Homa en 2011 et 2012, poursuit le processus visant à séparer Jérusalem‑Est du reste du territoire palestinien occupé.

L'UE ne renforce pas ses relations avec Israël. Lors de la réunion du Conseil d'association UE‑Israël qui a eu lieu le 24 juillet 2012, l'UE a rappelé la position adoptée pour la première fois en 2009, à savoir qu'un renforcement des relations, initialement prévu en 2008, doit être considéré dans le contexte du large éventail de nos intérêts et objectifs communs, notamment la résolution du conflit israélo­palestinien par la mise en œuvre de la solution fondée sur la coexistence de deux États.

16/01/2013

//

//

Patrick Le Hyaric | 16 janvier 2013 à 16:46 | Catégories: Patricklehyaric.eu | URL: http://wp.me/pHa6Z-oC

Commentaire

   Voir tous les commentaires

 

Désinscriptions et préférences d'envoi sous Gestion des Souscriptions.

Problème de clic? Copier et coller cette URL dans votre navigateur:
http://patricklehyaricpe.wordpress.com/2013/01/16/lue-juge-illegale-lextension-des-colonies-israeliennes-mais-ne-revient-pas-sur-les-accords-dassociation/

 

 

 

 

 

 

 

 


______________________________________________________________________

 

Nous donnons ci-dessous la traduction de très larges extraits d'un long article de Ronen Bergman, synthèse d'une série d'entretiens avec  Shimon Pérès menés plusieurs mois durant.

Nous nous sommes quant à nous concentrés sur les parties concernant les chances de paix, les relations avec les Palestiniens et en particulier Abu Mazen d'une part, le H'amas d'autre part, comme avec l'Egypte et la Syrie dans le contexte des printemps arabes... laissant pour le moment en réserve les fragments concernant l'Iran et un attachant portrait public et intime du président de l'Etat d'Israël.

 

 

_____________________________________________________________________


1/ “Chroniques pour la Paix” avec Ilan Greilsammer, vendredi 18 janvier à 10 h 15
 

         Entretien de Gabriel Szapiro avec Ilan Greilsammer *

         vendredi 18 janvier 2013, de 10 h 15 à 10 h 25
sur Radio Judaïques (FM 94.8 MHz) :

        
“La paix est-elle encore possible ?”


* Professeur de Sciences politiques à l’université Bar-Ilan de Tel-Aviv.

_____________________________________________________________________


2/ RAPPEL :
       Soirée électorale avec David Chemla et Maurice Szafran le 22 janvier au Medem

  
  
       Mardi 22 janvier 2013 à 20 h 30

    
    au Centre Medem-Arbeter Ring, 52 Rue René Boulanger, Paris 10 (M° République)

 

       En collaboration avec JCall,
      Jacques Dugowson décryptera les enjeux des élections avec David Chemla et Maurice Szafran, (directeur de Marianne).


◊ Entrée gratuite pour nos adhérents à jour de leur cotisation. PAF pour les autres.

 

________________________________________________________________

http://www.nytimes.com/2013/01/13/magazine/shimon-peres-on-obama-iran-and-the-path-to-peace.html?_r=0

The New York Times, le 9 janvier 2013



3/ Entretiens avec Shimon Pérès :
     les voies de la paix, le printemps arabe et le H'amas


          par Ronen Bergman *
          Traduction Tal Aronzon pour La Paix Maintenant



[« Il y a deux choses qu’on ne peut faire sans fermer les yeux – l’amour et la paix », confie Shimon Pérès à Ronen Bergman, qui note : « Il fut un temps où Pérès faisait fréquemment mention de sa vision d’un “nouveau Moyen-Orient”. Un nouveau Moyen-Orient prend forme aujourd’hui, mais ce n’est pas celui qu’il envisageait. »

« Durant ces cinq derniers mois, poursuit le journaliste, nous nous sommes retrouvés à une demi-douzaine de reprises pour parler de l’état actuel des relations israélo-palestiniennes ; de ses rapports avec Netanyahu et de ce qu’il pense de lui ; de la façon dont il voit aujourd’hui l’avenir du Moyen-Orient et d’Israël, et son propre rôle en son sein. Les réponses suivantes sont une synthèse de ces entretiens. »]
**


« Les gens ont spontanément tendance à adhérer aux allégations funestes plutôt qu’aux propos positifs, me dit-il en décembre. Quand vous affirmez, comme moi, que vous êtes un optimiste avéré, on vous considère comme partial. Mais observez le cours de l’histoire, vous y constaterez la constante défaite du pessimisme, non de l’optimisme. Il m’a été échu de vivre de nombreuses années et j’ai pu voir que la foi triomphe plus souvent que le cynisme ou le scepticisme. »

[Et d’ajouter], exprimant sans prononcer explicitement son nom une vive critique à l’égard de Netanyahu : « Je pense que si le peuple d’Israël entendait de la bouche de ses dirigeants que la paix a une chance, il relèverait le gant et le croirait. »

• Vous ne croyez donc pas qu’il n’y a rien à faire pour le moment, comme le Premier ministre Netanyahu le suggère ?

Il peut ne rien faire, mais cela ne veut pas dire que les choses ne se feront pas. L’idée que l’histoire est un cheval dont on peut retenir la course par la queue est insensée. Après tout, le feu peut prendre en un instant : un mot de trop, une rafale de trop, et à la fin tout le monde perdra tout contrôle. Si aucune décision n’est prise au plan diplomatique, les Palestiniens reviendront au terrorisme. Le couteau, les mines, les attaques-suicide.

Le calme dont Israël a joui ces dernières années ne durera pas, car même si les habitants du cru ne veulent pas revenir à la violence, ils seront soumis aux pressions du monde arabe. On leur transférera des fonds, on leur fera passer des armes en contrebande, et nul ne pourra endiguer ce flot. Dans sa majorité, le monde soutiendra les Palestiniens, justifiera leurs actions, et portera les pires accusations à notre encontre, nous qualifiant à tort d’État raciste. Si un boycott était décrété contre nous, notre économie en pâtirait gravement. Les Juifs de par le monde attendent un Israël dont ils puissent s’enorgueillir, non un Israël sans frontières considéré comme un État occupant.

• Quel impact les mauvaises relations entre Obama et Netanyahu ont-elles sur l’avenir immédiat d’Israël et du Moyen-Orient ?

Ce n’est pas une question de personnes, mais de politiques. [...] Le problème est qu’Obama aimerait instaurer la paix au Moyen-Orient et qu’il lui faut être convaincu qu’Israël en est d’accord.

• Et il n’en est pas convaincu ?

Évidemment qu’il n’en est pas convaincu. Il a demandé l’arrêt des implantations et s’est heurté à un refus, et ce sont eux [les membres du cabinet Likoud] qui sont à blâmer des activités en cours dans les implantations.

Le président Obama estime que l’on devrait faire la paix avec le monde arabe. Nous, l’État d’Israël, ne semblons pas penser de même. Il ne faut pas que nous perdions le soutien des États-Unis. Ce qui confère à Israël le pouvoir de négocier dans l’arène internationale, c’est le soutien des États-Unis. Même quand les Américains ne prennent pas part aux négociations, ils y sont présents. Si Israël devait se retrouver seul, ses ennemis le dévoreraient. Sans le soutien des États-Unis, tout nous serait très difficile. Nous serions comme un arbre seul au milieu du désert.

Abu Mazen, le partenaire palestinien

• Que s’est-il passé durant la longue période où vous avez tenté une médiation entre Netanyahu et Mah’moud Abbas [le président de l’Autorité palestinienne, également connu sous le nom d’Abu Mazen] ?

Abu Mazen et moi-même nous sommes rencontrés pour de longs pourparlers, dont Benjamin Netanyahu avait connaissance, et sommes même parvenus à quelques accords, voire plus. À mon grand regret, nous avons toujours atteint à la fin un point de rupture, et je ne veux pas entrer ici dans les raisons qui y ont mené. Cette négociation n’est pas simple – mais je pense que les conditions existent qui permettent d’en tracer la voie. Comme le processus d’Oslo, cela exige le secret.

• Et quand vous le dites à Netanyahu ?

Il ne le conteste pas. La question n’est pas celle d’un accord ou d’un désaccord absolus. Après tout, il a accepté mes propositions de coopération économique pour améliorer le niveau de vie des Palestiniens dans un certain nombre de domaines. Il a également prononcé le discours de Bar-Ilan [1]. Nous ne sommes pas d’accord sur l’évaluation que nous faisons d’Abu Mazen. Je rejette l’assertion qui veut qu’Abu Mazen ne soit pas un bon partenaire de négociation. Dans mon esprit, c’est un excellent partenaire. Nos responsables militaires me décrivent jusqu’à quel point les forces palestiniennes coopèrent avec nous dans la lutte anti-terroriste.

Il y a aujourd’hui 555 000 colons sur la Rive occidentale [du Jourdain] et à Jérusalem-Est. D’aucuns croient que ceux-ci ont annihilé toute chance de fonder un État palestinien, du fait que nul ne sera capable d’expulser ces gens politiquement motivés – condition nécessaire à tout accord avec les Palestiniens.

Les colons n’ont pas éliminé les chances de voir fondé un État palestinien. Les implantations couvrent actuellement 2% de l’ensemble de la zone. Les Palestiniens ont d’ores et déjà accepté les paramètres Clinton, dont le fait de laisser trois blocs d’implantations juives en échange d’autres territoires. [...] La difficulté, nous concernant, est que nous ressemblons à un homme armé d’un marteau qui prendrait chaque problème pour un clou. Les problèmes ne sont pas des clous. Avec de la bonne volonté, on peut les dépasser. Cela vaut, par exemple, pour la question de l’eau. Il y aura bientôt un surplus d’eau en Israël, grâce à la désalinisation de l’eau de mer, et nous serons en mesure de combler la pénurie palestinienne d’eau potable.

Les relations avec le monde arabo-musuman

Vous le voyez, le monde entier est en plein bouleversement. La question palestinienne n’est pas le principal problème au Moyen-Orient. Mais il y a un milliard et demi de musulmans. La question palestinienne affecte toutes nos relations avec eux. Si le problème palestinien était résolu, les islamistes se verraient privés de prétexte pour agir contre nous. Bien entendu, cela exige des concessions. Le problème, en l’occurrence, ce n’est pas seulement le Premier ministre, mais aussi sa coalition. Je ne prétends pas que la paix avec les Palestiniens résoudra tous les problèmes. Les gens qui balaient tout d’un revers de main sont superficiels.

Il y a deux choses qu’on ne peut faire sans fermer les yeux – l’amour et la paix. Si vous essayez de les faire les yeux grands ouverts, vous n’arriverez à rien. La paix n’est pas excitante, et elle suppose d’accepter de nombreux compromis et des détails fastidieux. Une femme aussi peut être parfois excitante, parfois moins. La perfection n’existe pas. Faire la paix est compliqué.

• Mais de quelle sorte de paix parlons-nous ? Regardez comment le président égyptien Mohamed Morsi vous a envoyé en juillet une lettre personnelle avant de nier l’avoir écrite.

Qu’importe ? Le président Morsi doit résoudre un grand nombre de questions au sein de son propre parti. Je n’ai pas été surpris par ses dénégations, mais plutôt par le fait qu’il m’ait envoyé cette lettre. Toute cette affaire témoigne à mes yeux de ce que Morsi, comme tout dirigeant entrant en fonction, fait face à des dilemmes critiques. Il est très facile de se montrer un musulman tolérant quand on n’est pas au pouvoir, mais les choses se compliquent quand on s’y trouve. Prenez, par exemple, l’économie égyptienne, qui repose largement sur le tourisme. Si on ne laisse pas les touristes venir passer leurs vacances comme ils le souhaitent, ils ne viendront pas. Sans bikini, pas de tourisme.

• Quelle attitude Israël devrait-il adopter à l’égard du printemps arabe ?


Vous posez une question absurde. Israël est une ile dans un océan. Et quand je me demande ce qui a le plus fort impact, l’océan sur l’ile ou l’ile sur l’océan, il me faut garder un certain degré d’humilité. L’important n’est pas de savoir comment nous réagissons, mais ce qui se passe, pourquoi il y a un printemps arabe. Nous ne parlons pas d’un match de football. Dans le monde arabe, la jeune génération est opprimée et au chômage. C’est cela qui a amené la révolution et qui déracine les dictatures, ce n’est ni vous ni moi. Le raz-de-marée qui a touché le Moyen-Orient contraint tous les États à choisir d’entrer dans l’ère scientifique ou non. Sans le faire, il n’y aura pas de croissance.

Le grand débat qui pique aujourd’hui notre curiosité en Égypte porte sur la constitution et, en fait, sur la liberté à accorder ou non aux femmes. C’est à cette aune que le printemps arabe sera jugé. Le président Obama m’a demandé qui, d’après moi, bloque la démocratie au Moyen-Orient. Je lui ai répondu : “Les maris”. Le mari ne veut pas de l’égalité des droits pour sa femme. Sans égalité des droits, impossible de sauver l’Égypte, car faute d’éduquer les femmes, les enfants ne le seront pas non plus. Ceux qui ne savent ni lire ni écrire ne peuvent gagner leur vie. Ils sont perdus.

• En Syrie, la fin du régime d’Assad se rapproche peu à peu. Est-ce que son arsenal chimique vous préoccupe ?

Assad sait qu’user d’armes chimiques conduirait à une attaque de l’extérieur. Le monde entier se mobiliserait contre lui. Ce serait suicidaire. D’un autre côté, il est évident que ses jours sont comptés. Une situation dans laquelle, disons, le palais serait en flammes pourrait le plonger dans un état irrationnel et le conduire à un acte désespéré. Si les Syriens osent toucher à leurs armes chimiques et les pointer sur nous ou sur d’innocents civils, nul doute que le monde, tout comme Israël, prendra des mesures décisives et immédiates. Non moins important, Assad est susceptible de passer des armes chimiques au Hezbollah, ce qui reviendrait de notre point de vue à franchir la ligne rouge. Il incombe à Israël d’empêcher une telle chose de se produire, et il faudra une action militaire déterminée pour ce faire.

Le H’amas

Au cours des quelques mois durant lesquels Pérès et moi-même avons conduit ces entretiens le conflit entre Israël et le H’amas s’est intensifié. En réponse aux tirs de roquettes des forces du H’amas dans la Bande de Gaza, Israël a assassiné son commandant militaire et lancé une campagne de bombardements qui a abouti à un vaste mouvement de dénonciation internationale et fini par un cessez-le-feu orchestré par les États-Unis et Morsi. En plusieurs occasions, par le passé, Pérès a exprimé son opposition à l’usage par Israël de l’assassinat comme d’une arme pour parvenir à ses objectifs. Il s’est opposé à l’assassinat par Israël de Khalil al-Wazir, l’adjoint de Yasser Arafat, à Tunis en 1988, et à l’élimination ciblée du père spirituel du H’amas, Sheik Ahmed Yassin, à Gaza en 2004. Il a également protégé Arafat de complots destinés à le tuer ou le déporter.

Cette fois, Pérès a exprimé un soutien fort à l’opération israélienne.

Il ne s’agissait là ni d’une guerre ni d’une opération militaire, mais plutôt d’un programme éducatif [...] Notre action avait pour but d’expliquer au H’amas qu’il lui fallait choisir de deux choses l’une. Vous voulez construire des maisons ? Aucun problème. Vous voulez construire des pas de missiles dans ces maisons ? Dès lors, nous considérerons ces maisons comme des cibles pour notre aviation.

Mais, au cours de cette campagne, des civils ont été tués des deux côtés, quoique bien plus à Gaza. Nous avons fait un immense effort pour ne pas toucher de civils à Gaza, même s’il était extrêmement difficile de distinguer les miliciens du H’amas des civils innocents. Nous n’avons aucun désir de verser le sang, ni le nôtre ni celui des autres. La campagne fut brève et, à l’instant où la leçon fut donnée et où la dissuasion a opéré, elle s’est arrêtée.

• Quelle leçon le H’amas a-t-il apprise à votre avis ?

Le H’amas va commencer à faire attention maintenant. Même là, il faut qu’ils comprennent, et rien de tel pour cela qu’un cocktail de tirs et de paix.

• Le chef politique du H’amas, Khaled Meshal, est venu à Gaza en décembre célébrer le 25e anniversaire de l’organisation. Il a prononcé un discours brutal, montrant qu’il n’était pas du tout clair que la dissuasion ait opéré. C’est peut-être le moment d’initier un dialogue avec le H’amas ?

Si le H’amas accepte les exigences internationales, bannit la terreur, arrête de lancer des missiles contre nous et reconnaît l’existence de l’État d’Israël, il sera possible d’entamer des négociations. De quelle boîte ce Khaled Meshal a-t-il subitement surgi, avec son vocabulaire tout droit venu du Moyen Âge ? Maintenant, juste au moment où le monde entier est fatigué des guerres et de la violence, il sort des ténèbres avec ce désir sadique de frappes et de meurtres ? Se croit-il vraiment capable de détruire l’État d’Israël, malgré l’armée et nos services de renseignements ? Nous prend-il pour une bande de dindes prêtes à marcher au pas vers un festin de Thanksgiving [2] ?

• Vous ne pensiez pas qu’il fallait tuer Arafat ?

Non. Je croyais possible de traiter avec lui. Sans lui, c’était beaucoup plus compliqué. Avec qui d’autre aurions-nous pu conclure les accords d’Oslo ? Avec qui d’autre aurions-nous pu parvenir au compromis de Hébron ? D’un autre côté, j’ai essayé de lui expliquer, des heures durant [...] comment être un vrai leader [...] comme Lincoln, comme Ben-Gourion : une nation, un fusil, et non d’innombrables forces armées tirant chacune dans une direction différente [3]. Au début, il refusait [Pérès imite de façon assez convaincante Arafat disant “non, non, non” en arabe], mais ensuite il a fait : “O.K.” Il m’a menti les yeux dans les yeux, sans la moindre gêne [4].

[...]

• Vivrez-vous assez longtemps pour connaître un Moyen-Orient en paix ?

Je le pense et je le crois. Si j’ai encore dix ans à vivre, je suis sûr que j’aurai la chance de voir la paix advenir même en cette désespérante, merveilleuse et stupéfiante partie du monde.


_________________________


NOTES

[1] Benjamin Netanyahu prononçait en juin 2009, à l’invitation du Centre Begin-Sadate de l’université Bar-Ilan, son premier discours de politique étrangère depuis les élections de février – discours où il acceptait l’idée d’un État palestinien.

[2] Ancienne fête des récoltes dans le calendrier chrétien, Thanksgiving devient au XIXe siècle aux États-Unis une fête nationale célébrée le quatrième jeudi de novembre par un repas où la dinde farcie et le potiron sont de tradition.

[3] Abraham Lincoln dit non à la Sécession des États confédérés, et fit triompher au prix de sa vie l’Union par-delà les intérêts – en l’occurrence esclavagistes – des factions. De même David Ben-Gourion organisa-il en 1944-45 la répression contre des groupes qu’il considérait comme terroristes, allant jusqu’à livrer des membres de l’Irgoun aux Britanniques ; Avec la fondation de l’État et la formation dès mai 1948 de Tsahal (les Forces de défense d’Israël) unissant la Haganah (dont les unités d’élite du Palma’h issu des kibboutzim du Mapam, à l’extrême-gauche de l’échiquier sioniste), à l’Irgoun et au Leh’i (issus du mouvement révisioniste et de la lutte clandestine), un nouvel affrontement se prépare. Inquiet du maintien par l’Irgoun de ses propres unités au sein de la jeune armée, et accusant son leader, Menah’em Begin, Ben-Gourion fait tirer sur un cargo venant clandestinement les ravitailler en armes, l’Altalena – 18 morts. Puis, il dissout leurs unités et un peu plus tard celles du Palma’h, afin de former une armée unique : « Une nation, un fusil. »

[4] Allusion à la promesse ainsi faite par Arafat de combattre les insurrections et les milices palestiniennes.

_________________________


* L'AUTEUR

Ronen Bergman, journaliste politique au quotidien israélien à grand tirage Yedioth Ah’aronoth, est l’auteur de The Secret War With Iran. Il écrit également pour le New York Times.

** N.B. Les notes et les intertitres sont de la rédaction de cette lettre de diffusion.

__________________________________________________


      4/ Enregistrements vidéo de nos dernières réunions publiques

Les enregistrements video de nos deux dernières réunions publiques, les 18 décembre 2012 et 8 janvier 2013, sont maintenant disponibles sur deux sites amis.

Pour y accéder, suivre les liens suivants :

• video de la rencontre-débat du 18 décembre 2012

   entre
Pascal Boniface et Meïr Waintrater

  
Le processus de paix : perspectives après l’opération “Pilier de Défense” et le vote à l’ONU sur la Palestine.”

Sur JCall TV : http://m.youtube.com/watch?v=jXlBHUKK_68&feature=youtu.be&desktop_uri=%2Fwatch%3Fv%3DjXlBHUKK_68%26feature%3Dyoutu.be&gl=FR

• video de la réunion du 8 janvier 2013 avec
Ze’ev Sternhell

 
Israël est-il condamné à être dirigé par la droite ?

Sur le site d’Akadem :
http://www.akadem.org/sommaire/themes/politique/societe-israelienne/systeme-politique/israel-est-il-condamne-a-etre-dirige-par-la-droite-09-01-2013-49848_155.php

Publié dans PAIX

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article