LES ENJEUX HISTORIQUES DU PACIFISME

Publié le par Patrick Kaczmarek

PREAMBULE

Le pacifisme est un concept qui est passé de l’utopie humaniste à la nécessité historique probable. Cette nécessité est structurante pour les sociétés tant au niveau politique, juridique, économique. Mon propos n’est pas celui d’un historien. Je n’approfondis pas les faits, je pars des faits pour tenter d’enrichir le concept de paix.

Ce concept a évolué de l’antiquité à nos jours. C’est cette évolution que nous allons envisager. Etant donné l’ampleur de la tâche vous pensez bien que nous ne pourrons échapper à la simplification sans escamoter la richesse du sujet. L’histoire du pacifisme est peu développée en France contrairement à l’Angleterre, les USA, l’Allemagne.

Soyons clairs : la paix n’est pas inhérente à l’Humanité. C’est le conflit  qui est inhérent à l’Humanité je dirais même au vivant au sens biologique du terme. La cellule est née du conflit entre l’intérieur et l’extérieur tous deux séparés par une membrane perméable qui joue le rôle de médiateur.

Une chose est sûre le pacifisme est la volonté d’éviter la guerre.

Notre réflexion est d’autant plus opportune quand on sait que 64% des américains, 61% britanniques, 60% des allemands et français s’attendent à une 3eme guerre mondiale.

Peut-on parler de paix sans parler de guerre ?

Faire la guerre mais à qui et pourquoi. Les bellicistes ont besoin de définir un ennemi.

Quels temps vit-on ?

DE L ANTIQUITE A LA REVOLUTION

L’antiquité exalte la guerre et le héros. La Grèce à qui nous devons les fondements de la philosophie est très belliqueuse. Néanmoins en cas de conflit elle sait avoir recourt à l’arbitrage. Elle conçoit le panhellénisme qui est la reconnaissance implicite de la multilatéralité. La Grèce n’est pas une entité homogène : Sparte est l’archétype de la cité militaire. Athènes avec Périclès, Aristophane et d’autres se pacifie au profit de la culture mais Alexandre Le Grand va ruiner ses aspirations.

Quant à Rome le problème est complexe. Le Sénat aux dires de certains historiens aurait souvent préféré la paix à la guerre. Auguste consacre un autel à la paix que chante le poète Horace. L’idéologie dominante n’en reste pas moins« si vis pacem para bellum ». Mais la Pax Romana est une réalité.

Puis vint le christianisme. L’apport en ce domaine est riche d’ambigüité. Néanmoins en citant Saint Augustin «  il faut tuer la guerre par les paroles plutôt que de tuer les hommes par l’épée ». Bien vite l’église s’affirme gardienne de la « paix chrétienne » et ne condamne pas en fait la guerre en soi.

De nombreux traités de Paix sont signés au moyen âge de Robert le Pieu jusqu’à « notre bon roi » Louis le onzième 1423-1483.

A partir du XVIe siècle s’ouvre une page sombre de l’histoire européenne. Le fanatisme alimente de plus les guerres civiles, les pires des guerres.

Malgré tout dans les ténèbres, les Humanistes de la Renaissance entretiennent  une lueur.

Va se développer le pacifisme littéraire : Erasme 1467-1553, Rabelais 1483/1494 mort  1563, Montaigne 1533-1592.

Puis le pacifisme juridique qui veut définir un droit des gens ou droit international sanctionné par des règles de droit.

Hélas la tentation de la guerre va reprendre le dessus avec la guerre de 30 ans (1618-1648) sur un fond de guerre religieuse, qui fait place à des enjeux politiques et de pouvoirs. La Paix de Westphalie (les 3 traités de Westphalie) met fin à ce conflit. L’Empire des Habsbourg devient un puzzle de 350 états, la suisse devient indépendante. On reconnait alors l’état nation, nous entrons dans le siècle du droit international. L’horreur n’a pas rassasié les appétits. Guerre de 7 ans 1756-1763, est la première guerre mondiale Europe Amérique, Afrique, Indes, sur les mers.

Peut-on parler de paix sans parler de guerre ?

Le pacifisme va survivre dans les sectes protestantes qui proscrivent la violence et refusent le service armé parmi lesquels les fameux Quakers. Des noms se démarquent : l’allemand Leibniz, la Bruyère et surtout Fenelon. En Angleterre William Penn devenu quaker fonde en Amérique la Pennsylvanie capitale : Philadelphie (Philadelphia = amour fraternel) et donne une dimension internationale à son engagement,  dès son retour d’Amérique. L’abbé de Saint Pierre (mort en 1743) tient une place particulière dans l histoire du pacifisme. L’abbé pousse très loin le souci du détail. Il prévoit le règlement de l’Assemblée où chacun des 24 Etats disposera d’une voix, l’organisation des bureaux, la contribution fournie par chaque Etat. Le projet reprenait l’idée de la paix par une société des nations au moment où s’affirmait l’unité culturelle de l’Europe. C’était un visionnaire.

Le siècle des lumières va exalter les valeurs de Paix

                Diderot écrit : « Pour se dépouiller, se brûler, s’égorger les uns les autres plus ingénieusement, les hommes ont inventé des règles et principes qu’on appelle art militaire et ont attaché à la pratique de ces règles l’honneur, la noblesse et la gloire ».

Rousseau est plus ambigu concédant que les états sont habilités à user de la guerre mais combat la violence entre individus.

Le cosmopolitisme affirme sa foi dans l’humanité réconciliée et dans la solidarité mondiale. Le cosmopolitisme va connaitre ses heures de gloire avec Kant réactualisé par Habermus qui dit de Macron le 06/03/2017 à Berlin : « celui qui franchirait la sacro sainte ligne rouge de 1789 ».

C’est l’époque où nait la Franc Maçonnerie à Londres 1717 puis à Paris 1732. Sous l’influence des libéraux anglais elle s’applique à développer la fraternité entre les peuples.

Montesquieu initié à la grande loge de Londres en 1730 souhaite la Paix, déplore la guerre qui devrait faire le moins de mal possible.

Voltaire est frappé par l’absurdité de la guerre et constate : « ce qu’il y a de pire, c’est que la guerre est un fléau inévitable. »

L’Encyclopédie, dictionnaire rédigé par une équipe animée par Diderot et d’Alembert, exprime assez bien les idées des philosophes vers 1750. On y lit à l’article « Guerre » : « De tout temps les hommes, par ambition, par avarice, par jalousie, par méchanceté, sont venus à se dépouiller, se brûler, s’égorger les uns les autres. » ils ont édicté des lois, « mais la guerre étouffe les voix de la nature, de la justice, de la religion, de l’humanité. Elle n’enfante que des brigandages et des crimes ».

L’article « Paix », écrit par Diderot lui-même, est tout aussi ferme : « Si la raison gouvernait les hommes, si elle avait sur les chefs des nations l’empire qui lui est dû, on ne les verrait point se livrer inconsidérément aux fureurs de la guerre… les souverains sentiraient que les conquêtes payées du sang de leurs sujets ne valent jamais le prix qu’elles ont couté. »  

L ESSOR DU NATIONALISME

NAISSANCE DE L INTERNATIONNALE

Nous entamons ici une partie extrêmement riche, dense. Nous allons schématiser à l’extrême :

1) 1789-1791 : la France via la constituante renonce à toute guerre de conquête

                Après la législative la convention : Brissot « nous ne pourrons être tranquilles que lorsque l’Europe et toute l’Europe sera en feu ».

                               Barère : un ennemi de plus pour la France n’est qu’un triomphe de plus pour la liberté.

Il faut associer Révolution à la guerre, c’est le socle du nationalisme du soldat de l’An II. On est là très loin d’un idéal pacifiste d’une aspiration à la Paix dans le cadre d’une problématique que l’on va retrouver en URSS en 1917.

Ici comme ailleurs toute situation est contradictoire. Des efforts de Paix persistent :

-       Danton veut négocier avec les alliés dans des conditions qui restent douteuses.

-       Robespierre veut stabiliser le nouveau régime dans la Paix.

-       Les Thermidoriens signent la paix avec la Prusse, la Hollande et l’Espagne. L’opinion est lasse de la guerre.

-       Condorcet « les peuples sauront qu’ils ne peuvent devenir conquérants sans perdre leur liberté et que des confédérations perpétuelles sont le seul moyen de maintenir leur indépendance ».

-       Dans cette période tumultueuse une voix se fait entendre : Pour Kant (1724-1804) la guerre ne peut être éliminée que par la reconnaissance d’un droit universel administré par une société des nations (Volkerbund).

2) Le directoire reprend la guerre contre l’Autriche et l’Angleterre.

Bonaparte passe au premier plan :

                               1801 : Paix avec l’Autriche.

                               1802 : traité d’Amiens avec l’Angleterre.

                                Le peuple exulte.

                                Mais 1803 : la guerre reprend.

Bonaparte après Wagram : « en un mot il faut toujours parler Paix et agir guerre ».

                               1815 : traité de Vienne qui est retour à la diplomatie de l’ancien régime au mépris des droits des peuples.

                               L’opinion redevient nationaliste mais les libéraux pensent que la guerre est dépassée, place au commerce.

                               Saint Simon pense qu’il faut organiser un parlement européen.

3) Après 1815 apparaissent les premières sociétés de Paix. Les socialistes qui percent ne croient pas aux biens faits du capitalisme qui porte en son sein la guerre, comme la nuée l’orage selon la formule consacrée. Le chemin de la paix passe par la révolution.

Les prolétaires doivent s’ouvrir au-delà des frontières .On se dirige vers un congrès international de la Paix qui se tiendra en 1843, 1848, celui de 1849 sera présidé par V.Hugo annonçant les états unis d’Europe.

Mais partout dans les faits la réaction triomphe. Les nationalismes fleurissent dont se démarquent les anarchistes avec Proudhon qui en fait ne s’inscrit ni dans le pacifisme ni dans l’internationalisme. En fait il va pousser les marxistes à s’affirmer.

La première internationale à Londres en 1843 est sous l’influence de Proudhon et s’engage peu sur les chemins du pacifisme. Le mouvement révolutionnaire naissant en 1880 rappelle que les guerres nationales sont des guerres civiles d’une absurde criminalité.

Pendant la commune le patriotisme supplante l’internationalisme. Il faut attendre 1880 pour que s’affirme l’influence marxiste.

Je réserve à ce moment précis le droit de m’attarder sur Jules Romain Barni bien connu dans notre région et pour cause. Jules Romain Barni est né en 1818 à Lille mort en 1878 à Mers les bains. En 1876 il est élu à la 1ère circonscription d’Amiens. Agrégé de philosophie spécialiste de Kant, il fut un opposant radical au second empire. Il s’exile à Genève. Il organisa et présida le premier congrès de la liberté et de la paix à Genève. Il devient fondateur de la ligue internationale de la paix et de la liberté qui voulait substituer l’arbitrage à la guerre. Le 04/09/1870 il regagne la France. En 1874 il devient Franc Maçon de la grande loge de France. Il s’aligne sur Gambetta. Il milite pour l’amnistie partielle des condamnés de la commune. Il s’investit dans la législation de l’école primaire et universitaire. Il est enterré au cimetière de la Madeleine.

De 1870 à 1914 il y aura développement des idéologies nationalistes et des idéologies pacifistes internationalistes. Une multitude de clubs, de conventions, d’organisations voit le jour. Mais le nationalisme pendant cette période s’affirme dans la presse et dans l’opinion.

Ce qui n’empêche la volonté de paix partout de faire des progrès : on repense le statut de victime, un palais de la paix est édifié à la Haye. En 1859 à la Bataille de Solferino prend corps le droit des victimes de la guerre qui aboutit à la création de la Croix Rouge en 1863. En 1864 une conférence élabore la première convention de Genève qui protège les militaires blessés et les missionnaires de guerre. Ce n’est que bien longtemps après que le concept de génocide sera élaboré.

Les milieux universitaires s’inscrivent dans le débat. Les institutions affirment leur patriotisme mais confirment qu’ils sont résolument pacifistes. Des noms prestigieux s’imposent : Gandhi, Romain Rolland, Tolstoï.

Pendant cette période, va naître et se renforcer un courant pacifiste politique lié au mouvement ouvrier et au développement des idées socialistes.

Tous les congrès de l’Internationale (AIT Association Internationale des Travailleurs) entre 1864-1900 font de la paix un des thèmes les plus abordés. Parmi les militants des différents courants socialistes, on observe deux grandes tendances en France ; l’une antimilitariste et antipatriotique (Gustave Hervé) l’autre antimilitariste mais patriotique (Jean Jaurès). Celui-ci (1859-1914) milite au sein de la SFIO pour tenter d’empêcher la guerre. L’enjeu pour lui n’est pas de supprimer l’armée mais de construire une armée défensive. Idées qu’il exprime dans un livre (L’armée nouvelle 1910). Le mouvement syndical en plein développement à la fin du XIXe siècle porte un antimilitarisme radical sous l’impulsion des militants syndicalistes révolutionnaires. La CGT prône la grève générale pour s’opposer à la guerre. Le 16/12/1912 un mot d’ordre de grève générale est proclamé en France, comme une répétition d’une mobilisation générale. Il ne rencontre pas un très grand succès.

Avec la création de la IIème internationale en 1889 les idées marxistes ont gagné du terrain plutôt que chercher un ennemi extérieur, on veut dénicher l’ennemi intérieur. L’assassinat de Jaurès brise les efforts pour la Paix. La CGT se rallie à la défense nationale. Les socialistes en France et en Allemagne votent les crédits de guerre.

L’Union sacrée s’impose en France. Rapidement à la CGT la politique de Jouhaux va être remise en cause.

On voit bien que l’aspiration à la Paix n’est pas spontanée. Guerre et Paix sont un couple dialectique, essence même de notre réalité. C’est un concept qui évolue historiquement dans un mouvement contradictoire en fonction des relations entre Etats, en fonction de la nature des Etats, des rapports de classe, du stade de développement du capital.

  1. Pour Lénine il faut utiliser la crise née de la guerre pour précipiter la chute de la domination capitaliste. En ce début du XXème siècle l’opposition à la guerre est assimilée au défaitisme. L’inconscience humaine fait de cette guerre qui approche, une fatalité mais le pacifisme est un concept qui va s’enrichir.

La grande guerre est l’événement fondateur du « vrai » pacifisme en France et en Europe.

Imprégnons nous bien sans attraper le mal de mer de cette sinusoïdale guerre/paix.

GUERRE 14-18

En 1914 : L’opinion publique est pour la guerre. La guerre 14-18 a été appelée la grande guerre, la der des ders mais aussi à tort la première guerre mondiale. La première guerre mondiale fut la guerre de 7 ans trop méconnue (1756-1763) qui mit le feu à l’Europe, à l’Amérique, à l’Afrique, à l’Inde et aux mers. Néanmoins la planétarisation des conflits en 14-18 a alimenté la volonté mondialiste de paix qui allait accoucher de la SDN.

Fixons nous quelques repères.

Juillet 1915 :

Pierre Laval avec le gendre de Marx se montre pacifiste au congrès du PS à Zimmerwald.

Une conférence tente de coordonner l’action socialiste contre la guerre.

1916 :

L’opinion va se lasser d’une guerre qui n’en finit pas. La conférence de Kienthal « PAIX IMMEDIATE SANS CONCESSION » est désavouée par la direction du PS

1917 c’est l’année de la crise.

Le Général Nivelle connait un sanglant échec. La Révolution Russe affaiblit les alliés. Le Présidant Wilson et le pape Benoit XV appellent  à la paix. Au printemps mutineries au front, grèves en arrière. « Nous affirmons que cette guerre n’est pas notre guerre ».

Contrairement à ce que prétendent certains historiens c’est au début de la guerre que l’on commence à fusiller pour l’exemple soient 63% des fusillés, 420 soldats dès le début de la guerre.

Alexandre Millerand pousse à la répression, qu’il confirme dans sa circulaire très confidentielle du 10 aout 1914. Joffre va dans le même sens : « il faut couper court dés maintenant par des exemples à des crimes dont l’extension compromettrait le salut de l’armée » C’est alors que le pouvoir politique se décharge sur les autorités militaires. En septembre : Millerand et Poincarré signent un décret instituant « les comités de guerre spéciaux »

                Bilan : 6 000 soldats passés en conseil

                               2500 condamnés à mort

                               668 fusillés.

1918 :

Les brutalités de Clémenceau lassent la nation, la révolution Bolchevik remanie le paysage politique français. Il est temps de répondre clairement à toute compromission avec le capitalisme fauteur de guerre. Les socialistes s’entêtent dans la poursuite de la guerre, le mouvement syndical est ambigu. A la veille du traité de Versailles le courant pacifiste est malgré les difficultés sorti renforcé. 

VERSAILLES ET LES TRAITES

  1. Traité Versailles 28 juin 1919

Le traité de Versailles pacifie le front Ouest mais à l’Est l’armée d’Orient continue le combat jusqu’en 1923. En évacuant elle ouvre la voie à Atatürk le père de la Turquie moderne qui va écraser les Grecs et aboutir au « traité de Lausanne ».

Se concrétise la nécessité d’organiser les relations entre les états. La société des nations voit le jour à Genève en 1919. Elle est inspirée par des idées de Paix universelle que nous avons esquissées tout au long de notre propos, paix universelle et démocratique. Elle découle des propositions émises en janvier 18 par le président des états unis Wilson. Malgré cela le sénat Américain va s’opposer à la ratification du traité de Versailles et votera contre l’adhésion des Etats Unis à la société des Nations. L’idée est  issue à la fois du concept de « concert européen » et du droit anglo-saxon. Ce projet avait connu un début de réalisation avec la création après la 1ère conférence de la Paix en 1899 à la Haye, d’une cour permanente d’arbitrage mais l’idée juridique et politique de « police des nations » émane dés 1910 avec le radical François Louis Bourgeois, et surtout reprise par le président Woodrow Wilson le 08/01/1918 dans son discours des 14 points.

  1. Traité de Trianon

Signé le 04/06/1920 avec la Hongrie et consacre la fin de l’Empire Austrohongrois. Jamais dans une période aussi courte autant de pays vont disparaitre et d’autres vont naitre (ex : Tchécoslovaquie).

  1. Traité de Sèvres

Signé le 10/08/1920 entre les alliés et l’Empire Ottoman à la suite de l’armistice de Moudros. Ce traité sera ni ratifié ni appliqué.

L’Arménie et un état kurde deviennent indépendants. Atatürk le refuse.

La déclaration de Balfour 1917 est reprise par le traité de Sèvres.

La Palestine sera gérée par un mandataire. Un foyer national juif est créé. La Syrie et le Liban se retrouvent sous protectorat français, l’Irak et la Jordanie sous protectorat anglais.

Les gouvernements signent des traités à leur guise, il est temps de démocratiser la diplomatie. Il n’y aura jamais de Paix sans l’intervention consciente des peuples. La Paix  se construit avec les moyens de la démocratie pour le bonheur.

En France un homme va jouer un rôle important : Aristide Briant. Il réussit à faire signer avec les Américains le 27/08/1918 à Paris un « pacte général de renonciation à la guerre ». (15 puissances le ratifient dont le Japon, l’Allemagne, l’Italie).

Le bilan de la SDN sera vécu comme un échec au regard de son manque de moyen pour faire appliquer les sanctions contre les violations.

L’ONU en 1945 va en tirer les leçons et va mettre en place un mécanisme de sanctions. «  Entreprendre au moyen de forces aériennes, navales ou terrestres toutes actions qu’elle juge nécessaire au maintien ou au rétablissement de la paix et de la sécurité internationales ».

Au lendemain de la guerre, on se jure plus jamais ça mais 20 ans après on remet les couverts.

Deux tendances s’opposent :

-       Des conditions rigoureuses imposées à l’allemand c’est la position de Clémenceau.

-       Quant à Briand qui vient de la gauche révolutionnaire, il mise sur la société des nations, la sécurité collective et le désarmement. Il va être pris dans plein de contradiction surtout en devenant au passage président du conseil.

Il disparait en 1932 après avoir affirmé que la France républicaine est pacifiste et que la Paix ne peut naître que de la Paix.

 

-       Léon Blum déclare en 1930 « on n’évite pas la guerre en s’armant ».

-       Le marxisme contribue à la paix en pronant l’avènement de la société communiste.

Lénine condamne la guerre impérialiste et fait de la paix un pilier du Bolchevisme. Il veut une paix juste et démocratique sans annexion et sans contribution de guerre.

La paix de Brest Litovsk 1918 est signée. Mais Trotski préconise la guerre révolutionnaire.

« Où est l’ennemi à l’extérieur ou à l’intérieur, les 2 mon général ».

Lénine commence à nuancer ses propos. Toutes les guerres ne sont pas à mettre dans le même sac. On connait la chanson. Il peut exister un pacifisme anti communiste.

En France le communisme est lié au pacifisme. Les communistes français luttent contre l’intervention française en Russie mais Moscou va imposer aux congrès de Tours 25 au décembre 1920 les fameuses 21 conditions. Parmi lesquelles la dénonciation du SOCIAL PACIFISME HYPOCRITE ET FAUX.

Néanmoins le PCF confirme son attachement à la paix peut être aussi pour sécuriser Staline et soutient le mouvement Amsterdam Playel  lancé en 1932 par Henri Barbusse et Romain Rolland.

Revenons un peu en arrière en France c’est à la suite de la guerre 14-18 qu’apparaissent les objecteurs de conscience. Dès 1924 le premier collectif est créé. Néanmoins dés 1915 Bertrand Russel est reconnu objecteur de conscience. C’est lui qui en 1954 conduira avec Einstein la compagne contre la bombe atomique.  Ce n’est qu’en 1963 grâce à Louis Lecoin et à sa grève de la faim qu’est reconnu le statut d’objecteur de conscience. En 1997 la professionnalisation des armées fait que les militaires vont s’insinuer de plus en plus dans les écoles. Ne nous y trompons pas le service militaire n’est que suspendu. L’objection de conscience n’est validée qu’à l’appel sous les drapeaux. Pour plus de précision contacter l’Union Pacifiste.

L’Association Républicaine des Anciens Combattants et victimes de guerre (ARAC) quant à elle est crée en novembre 1917 pendant la guerre par Henri Lefebvre et Henri Barbusse. Ce fut une grande organisation proche du parti communiste. L’ARAC a encore quatre objectifs :

-       Obtenir et défendre les droits de réparation des Anciens Combattants.

-       Rassembler dans l’action contre la guerre pour la Paix et la solidarité.

-       Cultiver la mémoire de l’Histoire dans un soin de vérité.

-       Promouvoir les idéaux républicains de liberté, d’égalité et de fraternité, lutter contre le colonialisme et le fascisme.

De 1932 à 1945  un certain nombre d’événement  va faire se rebattre les cartes.

Mussolini en Italie qui attaque l’Ethiopie, Hitler en Allemagne et la liquidation de la république de Weimar, l’URSS entre à la SDN. Entrée des troupes Allemandes en Rhénanie en 1936, la guerre civile en Espagne et la non-intervention juillet 1936.

Après l’accord franco soviétique en 1935, le PCF va s’investir dans un bloc antifasciste qui aboutira au front populaire.

Après la guerre d’Espagne qui cesse le 1 avril 1939 et la non intervention, bien des désillusions vont s’emparer des plus convaincus. Profitant d’une opinion française pacifiste Daladier et son gouvernement de droite signent les accords de Munich. Là le comble est atteint.

Munich n’a rien réglé et laisse les mains libres à Hitler.

La SDN lasse tout le monde avec ses bavardages.

Le pacte germano soviétique le 23/08/1939 assène un coup terrible à l’opinion publique et aux communistes. On va à la drôle de guerre sans enthousiasme.

Les communistes (dissolution le 26 septembre 1939) se reconstituent dans la clandestinité et continuent à dénoncer la guerre impérialiste. Fin 40 avec Tillon et Peri ils entrent dans la lutte armée.

Le nazisme est vaincu.

L’empire du mal est vaincu.

Quelle est la portée de cette expression.

L’organisation des Nations Unies est créé à San Francisco en 1945. Elle dispose d’une force d’intervention les casques bleus ce qui est un avantage par rapport à la SDN. En fait son fonctionnement et son efficacité est entravé par le droit de veto du conseil de sécurité.

En 1946 1947 le groupement des combattants de la liberté formé de résistants comme Yves Farge s’inquiète des divisions entre les alliés à la conférence de Paix. C’est alors qu’est créé le Mouvement de la Paix.

En novembre 1948 il organise les Assises du peuple français pour la liberté et la Paix. C’est la première fois qu’est abordé le danger atomique.

10 000 personnes demandent l’interdiction de l’usage de la bombe atomique et des armes de destruction massive.

En 1949 devant la création d’un pacte atlantique et les risques du réarmement allemand se tient un congrès sous le signe de la colombe de Picasso.

1950 l’appel de Stockholm contre le péril atomique recueille  10 millions de signatures.

On fait dans certains milieux de la paix une affaire de mentalité (non violence, mondialisme, mouvement universel pour une confédération  mondiale, le neutralisme et le non alignement, les beatniks). Le XXème siècle sera caractérisé par une diversification très grande des pacifistes. Va s’affirmer progressivement, durablement et efficacement le développement des ONG favorisé par l’ONU.

Actuellement l’accent est plus mis sur l’éducation à la Paix.  

LES CHEMINS DE LA PAIX

La seconde guerre mondialise le pacifisme y compris à travers les luttes pour l’indépendance des peuples colonisés. L’utilisation de l’arme nucléaire au Japon questionne en profondeur la responsabilité des peuples; le concept de l’équilibre pour la terreur est remis en cause. Enfin, au-delà d’une véritable sensibilité de l’opinion publique aux valeurs de paix, il faut reconnaitre qu’il existe une véritable faiblesse du débat de fond sur ces questions dans notre pays. Elle tient au fait que cela demeure un domaine réservé par la Constitution au Président de la République. La voix de son maître domine. Le parlement sur ces enjeux est accessoire et sans importance. Les médias ne font que répercuter les déclarations présidentielles.

Peu à peu s’est imposée la coexistence pacifique qui va être remise en cause par Reagan en réponse un slogan va s’imposer « plutôt rouge que mort ». Dans les années 80 d’énormes manifestations vont aboutir à la destruction des SS20 et des Pershings ainsi qu’à la non installation des fusées françaises Hades.

Or, pour lutter contre la modernisation de l’armement nucléaire, qui engloutit 25 à 30% du budget de la défense dont le total s’élève à 33 milliards d’euros, il conviendrait d’ouvrir le débat sur la stratégie de dissuasion présentée comme un fait immuable et qui sous-tend tous les arguments en faveur de la modernisation. Le débat idéologique doit être mené au sein des instances politiques et plus généralement dans l’opinion publique. L’ICAN s’inscrit dans cette logique campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires dont le PCF, la CGT, le Mouvement de la Paix sont parties prenantes. En 2017 lors de la session finale du groupe de l’ONU sur le désarment nucléaire à Genève en aout, 107 états sur 193 ont exprimé leur soutien à l’organisation d’une conférence afin de négocier un instrument juridiquement contraignant pour interdire les armes nucléaires et menant à leur élimination totale.

L’ICAN, ONG coalition internationale pour l’interdiction des armes nucléaires a reçu le Prix Nobel 2017.

Le risque nucléaire n’évite pas les guerres conventionnelles. De nouveaux foyers de guerres sont apparus ces dernières décennies, furent des millions de morts. Les États-Unis viennent de dénoncer le Traité de 1987. C'est très grave et je suis très stupéfait de la faiblesse des commentaires entendus dans les médias à ce sujet.

En effet, cet accord signé le 7 décembre 1987 constitue le premier accord d'élimination d'armes atomiques. Il fait suite aux nombreuses mobilisations organisées en Europe par les mouvements pacifistes Pour la première fois, on détruisait des missiles atomiques SS20 et Pershing. Depuis le nombre d'armes nucléaires a fortement baissé passant de 75 000 à 16 000 actuellement.

40 ans après, l'histoire continue puisque le 7 juillet 2017, l'ONU a ouvert à la signature le Traité d'interdiction des armes nucléaires (TIAN), une suite de ce premier accord en quelque sorte. Les puissances nucléaires freinent des 4 fers mais nous devons aller irrémédiablement vers l'interdiction puis l'abolition des armes atomiques. Le succès des mobilisations du 14 octobre pour que la France s'engage à son tour dans le Traité est un encouragement à poursuivre et amplifier les mobilisations sociales pour l'élimination des armes nucléaires, la suppression de la menace atomique et pour la Paix.

En décembre 1997 la convention d’Ottawa est déposée à l’ONU pour l’interdiction, l’emploi, le stockage, la production, le transfert des mines antipersonnelles et pour leur destruction.

Fabriquer des armes expose au risque de les utiliser. Il faut désarmer. Les ventes d’armes s’appuient sur un puissant complexe militaro industriel qui s’accapare les brevets et la recherche à bon marché. Comme le dit Sylvain Delaire responsable à la CGT : « il est urgent d’exiger une réorientation des financements publics et de la stratégie de l’Etat actionnaire sur les besoins civils, de santé et de sécurité numérique pour couper l’herbe sous le pied des lobbies militaristes et contribuent à assécher la course technologiques aux armements ». Paris qui a signé le TIAN est empêtré dans ses contradictions et a dans sa nouvelle loi de programmation militaire a proposé 37 milliards de dépense contre 23.8 milliards. Ajoutons qu’elle augmente de 60% son budget lié à la dissuasion nucléaire. Au moment où Trump souhaite une augmentation de 4% du PIB pour tous les pays de l’OTAN.

Nous avions une image classique des champs de bataille (barbelé, tranchées, blocs, ruines, champignons, nuage chimique ou radioactif).

Mais nous sommes au temps des nouveaux champs de bataille guerre de l’eau, guerre du gaz, de l’énergie véritables armes géopolitiques, militarisation possible de l’espace et des pôles. Derrière toute guerre il y a des enjeux économiques. La Paix a aussi besoin de nouvelles frontières : Irlande du nord Angleterre, Ecosse, catalogne Espagne, Gibraltar, Balkans, Caucase, Mauritanie et Front Polisario, flux migratoires sans précédent : Amérique du sud bassin méditerranéen, moyen orient Birmanie. Le pacifisme devient plus que jamais un projet de civilisation qu’il faut élaborer à la lumière de l’histoire, en s’inscrivant à l’échelon planétaire dans les contingences renouvelées du présent pour un avenir vivable.

Les femmes sur la planète deviennent de plus en plus l’avenir de l’homme. Elles s’affirment et se réalisent comme un élément incontournable, transformateur des sociétés. Elles sont porteuses des exigences d’égalité et de sécurité d’autant plus que le monde est plus incertain pour les femmes que pour les hommes. Elles accumulent une expérience souvent tragique qui enrichit les perspectives démocratiques et pacifistes. Le combat pour l’émancipation des femmes devient structurant pour le devenir des sociétés. Ce qui fait dire à Lilian Halls-French : « que la prise en compte des valeurs sur lesquelles repose le féminisme qui dope les pratiques sociales quotidiennes ; c’est l’une des conditions requises pour transformer durablement nos sociétés et construire le monde de paix et de justice sociale dans lequel nous souhaitons vivre. Les peuples et les états doivent s’emparer de ce projet.

Que faut-il penser de tout ça.

L’état de vie n’exclut pas le conflit comme état naturel. Ce qui importe c’est la résolution du conflit : guerre ou Paix.

La Paix est une aspiration qui souvent succède au destin de guerre, cette kafkaïenne solution qui n’a jamais résolu quelque conflit que ce soit.

On ne peut pas faire la Paix tout seul. L’individu se projette dans la Nation, la Nation dans l’Etat et les ONG puis dans les traités. La multilatéralité s’impose historiquement, progressivement parfois de façon complexe dans une multitude de domaines. La paix n’est pas l’absence de guerre. C’est un projet de civilisation, structurant pour les sociétés sur le plan économique, politique, culturel qui condamne tout recours à la violence. La paix nécessite une convergence de sensibilité de créativité et de confiance. Il faut démilitariser la diplomatie et la production. Il faut consacrer la finance au développement humain qui est le seul investissement durable. Les concurrences inter impérialistes ont été relancées. Nous devons nous mobiliser contre la militarisation du bloc européen accélérant la course folle au surarmement exposant au risque de conflits majeurs. Il faut développer la conscience de l’Humanité. Nous ne pensons pas comme Napoléon qu’il faut parler de Paix en préparant la guerre. Ne nous laissons pas abuser par l’hypocrisie d’initiative telle que le forum international de la paix qui s’est tenu à Paris dernièrement. Ne soyons pas naïfs n’ignorons pas que la guerre fascine encore certains esprits plus ou moins simplistes. L’héroïsme guerrier est vain. La guerre n’a jamais contribué au progrès. Nous devons être vigilants car si la paix qui mène au bonheur passe par les voies de la démocratie, les démocraties sont à nouveaux menacées.

La guerre est un concept concret, la paix projet de sécurité et de coopération doit le devenir.

Bibliographie

«  Le Pacifisme » Jean Defrasne

Que sais-je 2092

 « 1914-1918 cent après, la PAIX »

Edilivre    Daniel Durand

 « Nuremberg, les droits de l’homme, le cosmopolitisme pour une philosophie du droit international »

Valery Pratt

Edition le Bord de l’eau

« Les chemins de la Paix aujourd’hui’ »

Acte 2 fondations Gabriel Peri sept 2018

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