Contre tous les formes de fascismes, manifestons !

L’effroyable massacre de la rédaction de Charlie Hebdo a suscité une intense émotion, un sentiment profond de dégoût contre un acte barbare. Spontanément des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue, les déclarations ont été unanimes pour condamner ces assassinats. Au-delà d’une réaction contre l’horreur, il faut dire aujourd’hui que ce meurtre collectif était un acte politique : plus qu’une « dérive intégriste », la barbarie djihadiste est un projet politique totalitaire, qui oppose la théocratie à la démocratie. C’est une forme de fascisme. Les frères ennemis des djihadistes n’ont pas tardé à se réveiller, sur les plateaux télés comme dans la rue. Tandis que Marine Lepen appelle à un référendum sur la peine de mort, l’éditorialiste du Figaro Ivan Rioufol somme Rokhaya Diallo de « se désolidariser » des djihadistes « en tant que musulmane ». Dans les heures et les jours qui ont suivis, des mosquées ont subies des attaques armées dans plusieurs villes de France, et un lycéen de 14 ans d’origine maghrébine s’est fait roué de coup en marge d’un cortège « Je suis Charlie ». Le fascisme est un monstre à plusieurs têtes, qui se nourrissent les unes des autres. Nous condamnons l’ensemble de ces actes, et sommes déterminés à lutter contre tous des ennemis des droits démocratiques. Nous devons répondre au fascisme par un approfondissement de la démocratie : celle-ci n’est pas une « culture », une identité à défendre, elle est une pratique conditionnée par un ensemble de droits politiques et sociaux. Ce sont ces droits que nous devons défendre aujourd’hui, et la légitime émotion collective créée par l’attentat contre Charlie Hebdo ne doit pas être le prétexte d’un Patriot Act à la française. La solution n’est pas de mettre un policier derrière chaque citoyen, mais de faire en sorte que personne n’ait rien à attendre de son pays natal au point de s’en remettre à l’une ou l’autre des figures du fascisme.

Amiens, le 09/01/15