SACREE BACHELOT!

Publié le par Patrick Kaczmarek

Alors que les déserts médicaux gagnent du terrain en France, la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, jamais à court d’une bonne idée, autorise désormais les consultations médicales par Internet. Le principe : permettre à des patients isolés, sans médecin à proximité, d’avoir accès à un diagnostic ou à un suivi médical. Une alternative déjà en place en Suisse ou en Suède, qui laisse sceptiques les médecins français. Et qui surtout ne devrait régler en rien le problème de l’accès aux soins dans les zones médicalement sous-dotées. Bien au contraire même. « Ces nouvelles missions vont capter les rares jeunes généralistes disponibles et vont donc encore aggraver la désertification médicale », s’agace le docteur Dominique Dupagne sur le site Atoute.org. Pour le docteur Claude Leicher, président du syndicat de médecins MG-France, « la téléconsultation, ce n’est pas possible. Le téléconseil, la télérégulation, ça oui, ça existe. C’est bien que les pouvoirs publics en prennent conscience. Mais en aucun cas, la téléconsultation n’est une façon d’améliorer l’accès aux soins ». Les 48 000 généralistes déjà bien occupés n’auront certainement pas de temps supplémentaire à consacrer aux consultations à distance, pour des patients qu’ils ne connaîtront pas toujours et qu’ils ne pourront surtout pas voir au-delà leur écran. « La santé ne se gère pas de façon anonyme », assure Claude Leicher, rappelant le besoin de face-à-face entre un toubib et son patient. Proximité impossible à mettre en place avec des « call centers médicaux ». « C’est un peu dangereux et contre-productif en matière de santé publique », explique Claude Leicher. Pas sûr non plus que la collectivité fasse des économies grâce à cette médecine 2.0. Nombre de téléconsultations risquent de se terminer par l’envoi du télé-patient vers un toubib en chair et en os. Chaque fois qu’un généraliste est remplacé par autre chose, selon les estimations de Dominique Dupagne, cela coûte 5 à 20 fois plus cher. Le ministère de la Santé n’a pas encore précisé les coûts de la télémédecine. Pas plus que n’a été précisé le coût d’une téléconsultation pour les patients, ainsi que les modalités de remboursement.

Publié dans SANTE

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